Un ponton prison anglais de la Révolution ou de l'Empire 1/200 sur base HELLER

Bon, après le grand remuement de Saumur, les déplacements professionnels et l'arrivée des chatons, il est temps de se remettre au boulot...

Pour me changer de la ferraille, j'ai décidé de finaliser un très vieux projet, né plus ou moins avec la superbe BD de F Bourgeon "les passagers du vent" dont le volume II se déroule en partie sur un de ces navires. Comme Bourgeon est un dessinateur connu pour la précision de sa recherche documentaire, il donne malgré quelques approximations, une idée très précise de ce qu'était la marine à voiles du XVIIIème siècle.

Un mot sur ces pontons.

Le terme désigne un vaisseau désarmé dont la coque sert à toutes sortes de fonction : appontement, entrepôt, atelier, caserne... Ou prison. C'est ce dernier emploi qui est le plus connu, en particulier parce que les Anglais en firent un énorme usage durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, mais il suffit de jeter un oeil attentif sur les marines de l'époque et en particulier les magnifiques vues des ports de France de Vernet, pour découvrir tout un tas de ces coques provisoirement rasées et converties à d'autres usages.

Il faut dire qu'un navire de ligne, s'il était cher à construire, l'était encore plus à entretenir si bien que beaucoup connurent de longues périodes de désarmement. Le Victory, lui-même, fut relégué au rang de ponton après la guerre d'Amérique et avant sa remise en service pendant celles de la Révolution et de l'Empire.

Mon projet est donc de représenter un ponton prison "générique" en me basant sur les gravures de l'époque, et en particulier sur celle de Cooke dont s'est aussi inspiré F Bourgeon.


(Source Internet : http://recherches.historiques-leconquet.over-blog.com/article-31620828.html)

La maquette qui subira ce sort terrible est le Vénérable "Royal Louis" de Heller au 1/200 qui affiche pas loin de 45 ans au compteur, même si la boite que j'ai n'est pas celle (bien plus belle) de la première édition qui me faisait rêver gamin!



Malgré son âge, c'est une belle maquette représentant plutôt fidèlement ce à quoi ressemblait un trois ponts du milieu du XVIIIème. Elle souffre surtout à mes yeux d'être au 1/200 alors que je ne monte pratiquement que des voiliers au 1/150. Du coup je lui avais piraté ses canons (déjà en nombre insuffisants d'origine) pour armer un "Phénix de la même marque la laissant au mieux susceptible d'être grée en flute.







Franchement les navires de cette série ont des coques très joliment moulées et gravées, les formes sont belles et la gravure assez marquée, excessive pour l'échelle mais assez dans l'esprit des maquettes d'arsenal.



Particularité de ce modèle et d ses avatars (il est sorti avec des pièces légèrement différentes sous trois noms différents) les ponts de batterie se limitent à deux bandes incomplètes, ce qui est dommage du point de vue de la réalité historique mais assez commode pour le maquettiste!





L'accastillage n'est pas vilain non plus, la seule faiblesse étant l'ensemble des rides et des cap de moutons, bien lourd, mais personne n'a fait mieux en plastique à cette échelle, et comme de toutes manières je ne m'en servirai pas...



Les ponts sont bien gravés eux aussi et faciles à peindre du coup... On peut tout de même regretter que, ramenées à l'échelle, les planches fassent facilement 80cm de large!



Les détails de la décoration et du château arrière permettaient à Heller de décliner ses coques (Royal Louis/Indomptable/Gladiateur) ou (Phénix/Sirène). Ici on a un un château très XVIIIème qui me convient bien.





Les figures de proue sont disproportionnées, le bleu pas très engageant, mais la gravure très honnête!

Voilà, désolé pour cette présentation un peu longue, mais il fallait peut-être quelques explcations...

C'est donc parti avec une ou deux petites séances ce WE pour mettre en place la base...





Comme le truc est d'abord une prison, j'ai commencé par grillager les sabords, ce qui serait une vraie galère après le collage des deux demi coques...
A cette échelle, le plus simple est de coller directement de la grille souple type Tamiya. Le plus dur est d'aligner le tout, il y en aura une ou deux à reprendre...

Tant que j'y étais, j'ai tout grillagé quitte à recouper si je veux utiliser des sabords pour autre chose...

Cela dit un ponton, c'est d'abord un navire, il faut donc assembler la base avant de prévoir les modifs...



La coque s'assemble plutôt bien si on prend soin de bien nettoyer les plans de joint. Les ponts de batterie et de gaillard sont placés à blanc pour garantir l'écartement des pièces. Malgré le grand âge du truc cela se passe sans souci!





L'ensemble collé est placé sur son ber juste le temps de marquer les lignes de coupe : j'avais deux options : envasé très haut (la ligne du bas) ou à flots mais très allégé (pas d'artillerie ni de mâture embarquée), j'ai tenté la première option, mais je trouvais que cela faisait bizarre donc j'ai recoupé sur la seconde. Je trouve plus logique qu'un gros trois ponts reste à flots en fait!

Les pièces du château s'assemblent très bien en dépit d'un plastique bleu assez atroce à travailler!
Bien- sûr il reste mobile pour l'instant!

Au passage, plus je manipule cette coque plus je m'interroge sur les choix d'Heller à l'époque : le pincement au niveau des gaillards est vraiment très accentué dans un style très XVIIème, alors que le château est très marqué XVIIIème, le gréement paraît précoce lui aussi alors que la disposition des pont de gaillard sans passavant serait plus tardive...
On peu penser à un navire construit dans la première moitié du XVIIIème et réaménagé ensuite, mais il est difficile de mettre vraiment un nom dessus!



Le voilà à flot, Deux mètres environs au dessus de sa ligne naturelle à pleine charge...







L'assemblage de l'avant dans l'ordre : ce n'est pas une sinécure! Des trois séries de navires de l'époque produite par Heller, celle-ci (Royal Louis/Gladiateur) est celle qui s'assemble le plus mal, la série Sirène/Phénix est plus simple et celle Glorieux/Superbe du velours par comparaison!

La cloison de coltis doit être ajustée à la lime, les herpes demandent un sérieux affinage de même que la figure de proue (très surdimensionnée comme sur tous les voiliers Heller!) et ce f... plastique bleu ne facilite pas les choses!

Bien, j'en suis là...
La conversion en ponton se fera en trois parties : Gaillard d'avant avec la cambuse et le logement de la garnison, le pont avec la grand rue et les accès au navire, enfin le gaillard d'arrière avec le logement des officiers...
On va pouvoir commencer à travailler la carte plastique!

gros projet mais superbe travail , encore un superbe dio à venir

Oh la la... J'ai monté un de ces bateaux étant gamin, le Soleil Royal. Et le Mayflower. Et le Drakkar !!! J'avais oublié tout ça. Ton bateau-prison fait remonter tout un tas d'émotions...

C'est un sujet intéressant, peu traité, et connaissant ton goût prononcé pour le "fait maison", je sais qu'on va se régaler...

Sympathique comme projet et c'est bien parti; +1 pour F.Bourgeon

Cool comme projet. Tu me semble très documenté sur les anciennes marines.

Respect pour ton projet !!!

un sacré challenge que tu t es fixé!!
bonne suite pour ce montage bien débuté!

+1 avec le_sottevillais et Bruno.
A+Armand

L'idée est sympa..

 
Par contre..
Les couleurs des grappes..hum..hum.. ils ont fait les fin de stock chez HELLER..?? ??
Cela me rappelle un kit de chez Maquette ou j'avais 4 grappes et 4 couleurs..!!

beau projet j'aime bien 

Les gars qui ont eu l'idée de faire les grappes ont dû bien rigoler pour en faire avec autant de couleurs. Et vives en plus.
L'idée est excellente. Bon courage.

super sujet , je vas suivre 

Excellente réalisation d'une idée intéressante. J'apprécie la doc.
A+
Armand

Merci à tous!
Je compte avancer les superstructures le WE prochain, sinon pour la doc, ce n'est pas un sujet facile, à ma connaissance il n'a fait l'objet d'aucune monographie et comme chaque vaisseau était aménagé un peu à l'arrache, on en est réduit aux gravures d'époque et aux témoignages des prisonniers pour l'essentiel!

je ne connais pas ce sujet .alors je reste

Itou 

à la lecture du titre, je pensais à un montage d' Armand ( track-teur, pour les novices), à la fin, je reconnais bien là l'éclectisme de tes sujets.

Il va sans dire que je m'installe pour ce demi tiznaos marin.....

C'est beaucoup d'honneur que tu me fais, Philippe, mais je n'ai pas l'exclusivité du napoléonien, malgré quelques posts sur ST.

Effectivement, l'éclectisme est une des caractéristiques majeures de Gilles avec qui il faut s'attendre à tout. Nul doute qu'avec ce sujet, comme tout ce qu'il touche, la réussite sera au bout. Une fois de plus, l'idée est géniale et, à ma connaissance, c'est une grande première car, aussi loin  que remonte ma mémoire des expos sur le thème Révolution - Empire, je n'ai vu personne aborder ce sujet en le réalisant en 3 dimensions. A ce propos, la documentation doit être restreinte, je n'ai rien en ce qui me concerne sur les pontons anglais et c'est avec le plus grand intérêt que j'ai découvert la reproduction de gravure qu'en a fourni Gilles.

Attendons donc ce que va en faire notre éminent scratcheur entre autres qualités. Son choix est excellent: un navire désarmé et désemparé est "relativement" commode à réaliser dès lors qu'on n'a plus à se préoccuper de la superstructure qui est souvent l'écueil pour les fans de marine ancienne. 

En 1988, pour le 90e anniversaire de son inhumation, j'ai prononcé l'éloge funèbre de Louis Victor BAILLOT, né le 9 avril 1793 à Carisey (Yonne) et mort le 3 février 1898 à la fin de la 105e année dans ce même village. Avec quelques amis de reconstitution, nous avions décidé de lui rendre hommage en sa qualité de "dernier de Waterloo". Sa tombe à Carisey était en mauvais état et le conseil municipal avait décidé de la restaurer. Conscrit de la 2e levée de 1812, BAILLOT avait été enrôlé au 105e de Ligne. Il fit la campagne de Prusse de 1813 - c'était un Marie-Louise - et, sous les ordres de Davout, soutint le siège de Hambourg que le Maréchal n'accepta de rendre que sur ordre de Louis XVIII. Blessé d'un coup de sabre à Waterloo, il est emmené à Plymouth où, enfermé sur un ponton dans l'effroyable promiscuité voulue et entretenue à dessein par les Britanniques - il faut le savoir -, il  contracte la phtisie (tuberculose) comme des centaines d'autres. Il fut renvoyé en France en 1816. Débarqué à Boulogne, il rentra dans son village à pied et fut immédiatement réformé. Sa santé se rétablit miraculeusement, il se maria deux fois et eut des enfants.

A+
Armand

C'est un très intéressant projet que je vais m'efforcer de suivre

   pour toutes ces explications.

track-teur a écrit:C'est beaucoup d'honneur que tu me fais, Philippe, mais je n'ai pas l'exclusivité du napoléonien, malgré quelques posts sur ST.

Effectivement, l'éclectisme est une des caractéristiques majeures de Gilles avec qui il faut s'attendre à tout. Nul doute qu'avec ce sujet, comme tout ce qu'il touche, la réussite sera au bout. Une fois de plus, l'idée est géniale et, à ma connaissance, c'est une grande première car, aussi loin  que remonte ma mémoire des expos sur le thème Révolution - Empire, je n'ai vu personne aborder ce sujet en le réalisant en 3 dimensions. A ce propos, la documentation doit être restreinte, je n'ai rien en ce qui me concerne sur les pontons anglais et c'est avec le plus grand intérêt que j'ai découvert la reproduction de gravure qu'en a fourni Gilles.

Attendons donc ce que va en faire notre éminent scratcheur entre autres qualités. Son choix est excellent: un navire désarmé et désemparé est "relativement" commode à réaliser dès lors qu'on n'a plus à se préoccuper de la superstructure qui est souvent l'écueil pour les fans de marine ancienne. 

En 1988, pour le 90e anniversaire de son inhumation, j'ai prononcé l'éloge funèbre de Louis Victor BAILLOT, né le 9 avril 1793 à Carisey (Yonne) et mort le 3 février 1898 à la fin de la 105e année dans ce même village. Avec quelques amis de reconstitution, nous avions décidé de lui rendre hommage en sa qualité de "dernier de Waterloo". Sa tombe à Carisey était en mauvais état et le conseil municipal avait décidé de la restaurer. Conscrit de la 2e levée de 1812, BAILLOT avait été enrôlé au 105e de Ligne. Il fit la campagne de Prusse de 1813 - c'était un Marie-Louise - et, sous les ordres de Davout, soutint le siège de Hambourg que le Maréchal n'accepta de rendre que sur ordre de Louis XVIII. Blessé d'un coup de sabre à Waterloo, il est emmené à Plymouth où, enfermé sur un ponton dans l'effroyable promiscuité voulue et entretenue à dessein par les Britanniques - il faut le savoir -, il  contracte la phtisie (tuberculose) comme des centaines d'autres. Il fut renvoyé en France en 1816. Débarqué à Boulogne, il rentra dans son village à pied et fut immédiatement réformé. Sa santé se rétablit miraculeusement, il se maria deux fois et eut des enfants.

A+
Armand

J'aime beaucoup cette histoire!

"Voulue et entretenue" peut-être pas totalement, la question de la gestion des prisonniers de guerre est très complexe jusqu'à la fin du XIXème siécle...
Quoi qu'il en soit les pontons britanniques étaient incontestablement d'effroyables mouroirs!

J'ai donc un peu bossé sur le ponton, en commençant par le gaillard d'avant!

Dans ce genre de projet où on ne peut compter sur aucun plan, le problème est de bien définir la logique de ce que l'on représente : ce genre de navire n'est pas aménagé au hasard et la lecture des bouquins d'architecture navale (comme ceux de J Boudriot), comme l'étude des gravures et des témoignages sont indispensables pour arriver à quelque chose logique.

Ici le gaillard d'avant rassemble tout un tas de truc normalement dispersés dans les différents ponts et cales du navire (où sont entassés les prisonniers!) : cuisine, logement de la garnison, ateliers et réserves. Cela signifie un certain nombre d'éléments incontournables qu'il va falloir évoquer!

La base est tiré de la gravure que j'ai déjà évoquée : une superstructure massive occupe tout le pont de gaillard et déborde même sur l'avant :





Les pièces sont taillées dans de la carte plastique de 1mm, le plus long étant de graver le bois, les planches bien-sûr sont hors échelle, mais c'est un peu une convention de la maquette de bateaux, celles d'Heller sont encore plus grosses!



La gravure est réalisé avec le coin d'un réglet, la texture du bois se fait avec un ou deux passage des pièces sur un gros papier de verre.



Je ne compte pas détailler l'intérieur, du coup je me suis limité à des caches optiques pour les zones de portes et de fenêtres en essayant quand même de rester cohérent!





Voilà voilà!
L'étape suivante sera celle des toitures et de la grand rue...
Avant les petits détails qui manquent encore : portes, volets, étais et supports divers...

super le scratch

 top !!!

+1 

magnifique, déjà.....

Tes scratchs m'impressionne toujours autant.