3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
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3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Salut à tous.
Je n'ai plus envie de maquetter et je suis en panne sur "A l'est, du nouveau". En attendant que ça me reprenne, je vous propose un boulot assez sérieux qui m'a pris au pif au moins 600 heures. Cette plaquette a été terminée au printemps 2012.
3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve".
Ce titre - anodin- me paraît préférable à celui que pourrait suggérer l'instrument principal de cette présentation. Le "rasoir national", "la veuve", le "moulin à silence", la "cravate à Capet", la "bascule à Charlot" et d'autres encore que j'oublie, sont des expressions émanant de l'inépuisable humour macabre des sans-culottes. J'en ai choisi un, peut-être le plus employé. Si notre histoire moderne et notre régime politique sont en partie fondés sur les principes de cette période de notre Histoire, l'image qu'on retient avant tout de la Révolution Française - elle en est inséparable - est celle, sinistre, de ces bois de mort, intentionnellement surélevés afin que nul n'en ignore la menace. Il est curieux que ce symbole mortifère soit celui qui ait été choisi par ceux qui s'érigeaient en farouches défenseurs de la liberté...
L'échafaud dressé Place de la Révolution: le peuple a faim: on lui offre des têtes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI)
Avec cette plaquette de 0,645m x 0,400m, nous sommes à Paris, Place de la Révolution (actuelle Concorde), le 3 Floréal An II de la République (22 avril 1794). Comme beaucoup de noms attribués aux figurines, fictifs, j'ai choisi une date au hasard mais dans une période bien précise.
Je pense que je ne vous apprendrai rien, je me bornerai à quelques rappels. Mais, dans la mesure où il y avait déjà longtemps que j'avais envie d'aborder un thème de cette époque, sachez que je me suis plaisir en réalisant cette scène.
Sur cette place, ci-devant Royale, la guillotine se dresse face au piédestal de l'ancienne statue du Roi... précédent. La statue, comme la monarchie a été renversée. Il ne reste que le socle, le peuple, tout un symbole. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Une image qui donnait le frisson: pourquoi les régimes révolutionnaires "démocratiques" ont-ils besoin d'avoir recours à la terreur?
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Apportons quelques précisions sur le contexte de la scène.
Depuis, 1791, en matière criminelle, la peine capitale est appliquée par décapitation uniquement, dans un souci d'égalité, après le vote de l'Assemblée Nationale Constituante sur proposition du Docteur Guillotin. A la fin de la même année, la guillotine ou "machine" est définitivement opérationnelle. Elle a été fabriquée par Tobias Schmidt, facteur de clavecins d'origine prussienne (cela ne s'invente pas!), après les mises au point techniques du Docteur Louis de l'Académie de Chirurgie et les conseils de Charles Henri Sanson, le bourreau.
Pour la mise au point de la "machine", peut-on imaginer meilleur conseiller technique que Charles Henri Sanson, le père d'Henri officiant ici. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Soumises aux caprices de la météo, les exécutions sont suspendues par temps de pluie (sauf orages imprévus qui les interrompent). La guillotine est alors bâchée, de même que la nuit. Pour ceux qui s'étonneraient de la lourdeur de l'échafaud supportant la guillotine, il faut se dire que le montage se doit être solide et exempt de jeu, de vibrations ou d'oscillations, un vrai challenge pour les maîtres charpentiers. En effet, le couperet doit chuter entre deux glissières creusées dans le bois des deux montants. Les garnitures métalliques des deux glissières, ajustées et lubrifiées, ne viendront que beaucoup plus tard, au XIXe siècle.
Là, le bois est enduit de suif, seul "lubrifiant" disponible et il faut donc que la masselotte d'environ 35 kg (plus le couperet d'environ 9 kg à lui tout seul) chute sans frein ni obstacle ni blocage, ce que des vibrations parasites ou des oscillations malvenues pourraient provoquer, faisant ainsi rater l'exécution.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un échafaud ultra solide, à l'épreuve du temps, condition essentielle du bon fonctionnement de la "machine". (Photo: Armand FRASCURATTI).
Dans ce décor du pavé de la Place ci-devant Royale, aménagée par l'architecte Gabriel, à la demande de Louis XV qui l'offrit à la Ville de Paris, le socle tronqué que l'on voit à un bord, est celui d'une statue équestre du Roi, renversée par les patriotes et envoyée à la fonderie pour en récupérer le bronze (la Nation a besoin de canons). J'ai dû tricher dans la mise en place. L'espace entre ce socle et l'échafaud a été considérablement réduit en raison de l'échelle, le 1/32e comme les figurines. Le respect intégral des distances, en proportion, aurait nécessité une plaquette de plus de 4 mètres de long, ce qui est évidemment inconcevable.
L'espace entre le socle et l'échafaud a été volontairement réduit: tricherie nécessaire pour éviter une plaquette hors normes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(à suivre)
Je n'ai plus envie de maquetter et je suis en panne sur "A l'est, du nouveau". En attendant que ça me reprenne, je vous propose un boulot assez sérieux qui m'a pris au pif au moins 600 heures. Cette plaquette a été terminée au printemps 2012.
3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve".
Ce titre - anodin- me paraît préférable à celui que pourrait suggérer l'instrument principal de cette présentation. Le "rasoir national", "la veuve", le "moulin à silence", la "cravate à Capet", la "bascule à Charlot" et d'autres encore que j'oublie, sont des expressions émanant de l'inépuisable humour macabre des sans-culottes. J'en ai choisi un, peut-être le plus employé. Si notre histoire moderne et notre régime politique sont en partie fondés sur les principes de cette période de notre Histoire, l'image qu'on retient avant tout de la Révolution Française - elle en est inséparable - est celle, sinistre, de ces bois de mort, intentionnellement surélevés afin que nul n'en ignore la menace. Il est curieux que ce symbole mortifère soit celui qui ait été choisi par ceux qui s'érigeaient en farouches défenseurs de la liberté...
L'échafaud dressé Place de la Révolution: le peuple a faim: on lui offre des têtes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI)
Avec cette plaquette de 0,645m x 0,400m, nous sommes à Paris, Place de la Révolution (actuelle Concorde), le 3 Floréal An II de la République (22 avril 1794). Comme beaucoup de noms attribués aux figurines, fictifs, j'ai choisi une date au hasard mais dans une période bien précise.
Je pense que je ne vous apprendrai rien, je me bornerai à quelques rappels. Mais, dans la mesure où il y avait déjà longtemps que j'avais envie d'aborder un thème de cette époque, sachez que je me suis plaisir en réalisant cette scène.
Sur cette place, ci-devant Royale, la guillotine se dresse face au piédestal de l'ancienne statue du Roi... précédent. La statue, comme la monarchie a été renversée. Il ne reste que le socle, le peuple, tout un symbole. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Une image qui donnait le frisson: pourquoi les régimes révolutionnaires "démocratiques" ont-ils besoin d'avoir recours à la terreur?
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Apportons quelques précisions sur le contexte de la scène.
Depuis, 1791, en matière criminelle, la peine capitale est appliquée par décapitation uniquement, dans un souci d'égalité, après le vote de l'Assemblée Nationale Constituante sur proposition du Docteur Guillotin. A la fin de la même année, la guillotine ou "machine" est définitivement opérationnelle. Elle a été fabriquée par Tobias Schmidt, facteur de clavecins d'origine prussienne (cela ne s'invente pas!), après les mises au point techniques du Docteur Louis de l'Académie de Chirurgie et les conseils de Charles Henri Sanson, le bourreau.
Pour la mise au point de la "machine", peut-on imaginer meilleur conseiller technique que Charles Henri Sanson, le père d'Henri officiant ici. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Soumises aux caprices de la météo, les exécutions sont suspendues par temps de pluie (sauf orages imprévus qui les interrompent). La guillotine est alors bâchée, de même que la nuit. Pour ceux qui s'étonneraient de la lourdeur de l'échafaud supportant la guillotine, il faut se dire que le montage se doit être solide et exempt de jeu, de vibrations ou d'oscillations, un vrai challenge pour les maîtres charpentiers. En effet, le couperet doit chuter entre deux glissières creusées dans le bois des deux montants. Les garnitures métalliques des deux glissières, ajustées et lubrifiées, ne viendront que beaucoup plus tard, au XIXe siècle.
Là, le bois est enduit de suif, seul "lubrifiant" disponible et il faut donc que la masselotte d'environ 35 kg (plus le couperet d'environ 9 kg à lui tout seul) chute sans frein ni obstacle ni blocage, ce que des vibrations parasites ou des oscillations malvenues pourraient provoquer, faisant ainsi rater l'exécution.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un échafaud ultra solide, à l'épreuve du temps, condition essentielle du bon fonctionnement de la "machine". (Photo: Armand FRASCURATTI).
Dans ce décor du pavé de la Place ci-devant Royale, aménagée par l'architecte Gabriel, à la demande de Louis XV qui l'offrit à la Ville de Paris, le socle tronqué que l'on voit à un bord, est celui d'une statue équestre du Roi, renversée par les patriotes et envoyée à la fonderie pour en récupérer le bronze (la Nation a besoin de canons). J'ai dû tricher dans la mise en place. L'espace entre ce socle et l'échafaud a été considérablement réduit en raison de l'échelle, le 1/32e comme les figurines. Le respect intégral des distances, en proportion, aurait nécessité une plaquette de plus de 4 mètres de long, ce qui est évidemment inconcevable.
L'espace entre le socle et l'échafaud a été volontairement réduit: tricherie nécessaire pour éviter une plaquette hors normes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(à suivre)
track-teur- Lieutenant
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Localisation : Côte d'Azur
Humeur : selon la santé, donc parfois sombre
Date d'inscription : 14/08/2014
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
comme d'habitude, une très belle réalisation, tu as changé le format des photos ????
marcelscott- Aide de Camp
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Localisation : moustiers sainte marie
Humeur : Camerone, le 30 avril 1863
Ma Photo : chaque jour une pensée pour nos gars en opex
Date d'inscription : 24/01/2015
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Très belle présentation du sujet!
Beau modèle aussi!
pour la relation à la révolution, je ne peux pas partager ta lecture trop réductrice... La roue, sous l'Ancien régime, c'était sympa aussi, les décapitations à la hache avaient un certain charme artisanal je suppose, même si ce n'était pas "démocratique".
Désolé de cette parenthèse.
Beau modèle aussi!
pour la relation à la révolution, je ne peux pas partager ta lecture trop réductrice... La roue, sous l'Ancien régime, c'était sympa aussi, les décapitations à la hache avaient un certain charme artisanal je suppose, même si ce n'était pas "démocratique".
Désolé de cette parenthèse.
Lostiznaos- Lieutenant-Colonel
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Date d'inscription : 02/06/2013
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Décidément, Gilles, tu es un grand romantique...
Trêve de plaisanterie: je vous fais mes excuses les plus plates: ma fille aînée a cru bien faire de me faire passer
de Windows 7 à Windows 10 et ma manœuvre antérieure de passage des photos de l'hébergeur au forum
ne marche pas. Comme je suis manche, je ne sais pas me tirer de ce bug.
On peut toujours ouvrir en plus grand en cliquant sur chaque photo.
A+
track...
Trêve de plaisanterie: je vous fais mes excuses les plus plates: ma fille aînée a cru bien faire de me faire passer
de Windows 7 à Windows 10 et ma manœuvre antérieure de passage des photos de l'hébergeur au forum
ne marche pas. Comme je suis manche, je ne sais pas me tirer de ce bug.
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track-teur- Lieutenant
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Localisation : Côte d'Azur
Humeur : selon la santé, donc parfois sombre
Date d'inscription : 14/08/2014
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
track-teur a écrit:Décidément, Gilles, tu es un grand romantique...
Il doit y avoir de cela!
Lostiznaos- Lieutenant-Colonel
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
D.A.E.C.H., ça veut bien dire Déjà Avant Existait Cette Horreur ?
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Jean-Louis "fgeiu"
En cours: CSS Hunley - Admiral Kuznetsov - Otter - Land Rover WMIK - Pistolet à rouet - Sherman 1/48 - Para Indochine 120 mm - Sous-Lieutenant 20ème Dragons - Dio tracteur Case VAI - Dio Panther D - Tankietka - Jeep Willys Revell - Jeep Bantam - Jeep Hotchkiss - Dio Kübelwagen 1/24 - Dio Steyr 1500 Flak - Locomotive WR 360 C12 - Soldat anglais 120 mm - Confédéré 90 mm - B1 bis post-apocalyptique - Space Patrol - Gaz 67 - Ford Model A - Liste non exhaustive !
Facebook: https://fr-fr.facebook.com/people/Jld-Maquettes/100010333206039
fgeiu- Aide de Camp
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Localisation : Somewhere over the rainbow...
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Ta présentation est sublime, comme d'habitude. Elle fait peur cette veuve, même sur ton diorama, la réalisation de l'échafaud est parfaite. Bravo Armand
Sgt Pepper- Colonel
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Age : 54
Localisation : CHARTRES
Humeur : Des fois quand ça va pas...Ca va pas
Ma Photo : Sgt AKA Olivier
Date d'inscription : 14/05/2012
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
une très belle réalisation d une vilaine page de l histoire de France.
kurgan- Colonel
- Nombre de messages : 28705
Age : 59
Localisation : auvergne(63 puy de dome)
Humeur : .........
Date d'inscription : 02/05/2009
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Bonjour,
Merci à ceux que des photos au format timbre-poste n'ont pas découragés et qui ont apprécié quand même.
Je crois avoir trouvé le moyen de vous les représenter à un format plus commode mais je ne suis pas sûr du bon ordre. ( Pour le texte de présentation, voir plus haut). Sinon, vous avez toujours la possibilité de cliquer sur la (petite) photo pour l'agrandir.
L'échafaud dressé place de la Révolution. Le peuple a faim: on lui offre des têtes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Sur cette place, ci-devant Royale, la guillotine se dresse face au piédestal de l'ancienne statue du Roi... précédent. La statue, comme la monarchie, a été renversée. Il ne reste que le socle, le peuple, tout un symbole. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Une image qui donnait le frisson: pourquoi les régimes "démocratiques" ont-ils besoin d'avoir recours à la terreur? (Photo:
Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Pour la mise au point de la guillotine, peut-on imaginer meilleur "conseiller technique" que Charles Henri Sanson, le père d'Henri officiant ici? (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un échafaud ultra solide et parfaitement stable, condition essentielle du bon fonctionnement de la "machine".
(Photo: Armand FRASCURATTI).
L'espace entre le socle et l'échafaud a été volontairement réduit: tricherie nécessaire pour éviter une plaquette hors normes. (Photo:
Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La réduction de l'espace est encore plus saisissante sous cet angle. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Avec mes excuses renouvelées. Je reprends mon récit tout de suite après.
A+
Merci à ceux que des photos au format timbre-poste n'ont pas découragés et qui ont apprécié quand même.
Je crois avoir trouvé le moyen de vous les représenter à un format plus commode mais je ne suis pas sûr du bon ordre. ( Pour le texte de présentation, voir plus haut). Sinon, vous avez toujours la possibilité de cliquer sur la (petite) photo pour l'agrandir.
L'échafaud dressé place de la Révolution. Le peuple a faim: on lui offre des têtes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Sur cette place, ci-devant Royale, la guillotine se dresse face au piédestal de l'ancienne statue du Roi... précédent. La statue, comme la monarchie, a été renversée. Il ne reste que le socle, le peuple, tout un symbole. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Une image qui donnait le frisson: pourquoi les régimes "démocratiques" ont-ils besoin d'avoir recours à la terreur? (Photo:
Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Pour la mise au point de la guillotine, peut-on imaginer meilleur "conseiller technique" que Charles Henri Sanson, le père d'Henri officiant ici? (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un échafaud ultra solide et parfaitement stable, condition essentielle du bon fonctionnement de la "machine".
(Photo: Armand FRASCURATTI).
L'espace entre le socle et l'échafaud a été volontairement réduit: tricherie nécessaire pour éviter une plaquette hors normes. (Photo:
Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La réduction de l'espace est encore plus saisissante sous cet angle. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Avec mes excuses renouvelées. Je reprends mon récit tout de suite après.
A+
track-teur- Lieutenant
- Nombre de messages : 2206
Age : 86
Localisation : Côte d'Azur
Humeur : selon la santé, donc parfois sombre
Date d'inscription : 14/08/2014
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
a ça iras.. ça iras ..ça iras.. les aristocrates a la lanterne!!!! sujet peu courant ça Armand mais excellente reproduction
jean-marie(huski)- Lieutenant
- Nombre de messages : 2176
Age : 75
Date d'inscription : 24/05/2015
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
(Suite)
Maintenant, un petit retour sur notre Histoire pour le contexte et l'ambiance de l'époque. Nous ne sommes pas encore à la Grande Terreur mais elle s'annonce au rythme des lois et des décrets de la Convention Nationale. Les amis d'hier sont aujourd'hui devenus des suspects, demain des ennemis de la Révolution ou de la Liberté et traînés au sacrifice. La Révolution se dévore elle-même. Après les Girondins politiquement abattus et en grande partie éliminés, est venu le tour des hébertistes et des chefs cordeliers, dont Camille Desmoulins, avec celui de Danton, exécutés sur cette même place, il y a dix sept jours à peine.
Le Roi, la Reine, bien sûr, mais tant d'autres têtes illustres sont tombées dans le panier de Sanson, même celle de Danton qui appellera sous peu celle de Robespierre. Justice? (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La République est attaquée de toutes parts. L'Autriche, bien sûr, en raison des liens familiaux des dynasties, l'Electorat de Hanovre, les Provinces Unies, le Piémont-Sardaigne, l'Espagne, l'Angleterre, sur terre à Hondschoote et sur mer à Toulon, par le blocus de tous nos ports en Méditerranée comme en Atlantique et en Manche.
Les soldats de la Révolution ont le ventre vide. Ils sont souvent pieds nus et dépenaillés mais ils ne manquent pas de vaillance et souvent s'élancent en désordre en dépit des consignes. L'Assemblée révolutionnaire frappe les chefs défaillants. Malheur à celui qui est vaincu ou accusé de mollesse ou simplement de maladresse en raison de l'indiscipline de sa troupe: il joue sa tête.
A la guerre, la Convention ne reconnaît que deux issues: la victoire ou la mort et c'était écrit sur les drapeaux. Celui-ci aura connu la mort, mais pas au feu. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La désorganisation révolutionnaire affecte aussi les campagnes. Les récoltes sont abandonnées et pourrissent sur pied, l'approvisionnement des villes se tarit, la disette s'installe malgré les lois sur le "Maximum", les décrets menaçants contre les accapareurs et spéculateurs de tout poil. Des queues interminables , le plus souvent en vain, se forment devant les boulangeries, insuffisamment approvisionnées. Pour huit français sur dix, le pain est la principale voire la seule nourriture journalière.
A situation d'exception, mesures d'exception. D'autant plus qu'aux envahisseurs étrangers, s'ajoutent les ennemis de l'intérieur. Le Midi royaliste s'est révolté et a livré Toulon, sa rade et une partie de la flotte à l'Angleterre, le Sud-Ouest royaliste a fait cause commune avec les fédéralistes girondins, tout comme à Lyon en provoquant des révoltes et des assassinats de conventionnels. Ces révoltes sont néanmoins matées. L'insurrection vendéenne, qui appellera bientôt l'Angleterre à l'aide, a soulevé la plus grande partie de l'Ouest, immobilisant des forces armées importantes qui manquent aux frontières.
Cependant, la situation militaire redresse. Le 8 septembre précédent, Jourdan a été vainqueur à Hondschoote, après la mémorable charge à cheval de la Gendarmerie Nationale, ainsi nommée pour la première fois, bataille où les volontaires en furie, pourtant affamés mais ne manquant pas de courage, ont enfoncé les lignes anglaises à la baïonnette. Les survivants ont fui et les républicains ont récupéré ... de quoi manger! Le 21 Frimaire (22 novembre 1793), la Convention, après l'expérience non concluante de l'amalgame, a pris conscience de la nécessité fondamentale de la cohésion des troupes et voté l'incorporation dans les armées. Le 22 Frimaire (12 décembre), Marceau met en déroute les Vendéens au Mans et le 29 Frimaire, Salicetti, représentant aux Armées, écrit à la Convention pour annoncer la reprise de Toulon, en grande partie grâce à l'énergie tactique d'un jeune chef de bataillon d'artillerie du nom de Bonaparte, qu'il fait promouvoir général sur le champ. Le 3 Nivôse, Kléber anéantit l'arrière-garde vendéenne à Savenay, préfaçant l'exécution de deux mille Vendéens à Ancenis le mois suivant, en vertu du décret de la Convention Nationale condamnant à la mort immédiate tout insurgé pris les armes à la main.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Au pied des marches , un "brigand royaliste", tels sont les termes des décrets de la Convention pour désigner les Vendéens, en ordonnant qu'il ne leur soit pas fait de quartier. Son geste de recul est un désaveu pour le prêtre "jureur". (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
A voir le peu d'affluence populaire autour de l'échafaud, on peut en conclure que c'est une journée ordinaire. Pourtant volontiers badaud, le peuple de Paris est, maintenant, de plus en plus blasé du spectacle de "La Veuve". Il commence même à se dégoûter de tout ce sang répandu. Il préfèrerait une ration quotidienne de pain et sa colère monte jusqu'au Comité de Salut Public, obligé de reconnaître de facto son impuissance. C'est pourquoi, dans moins d'un mois, la guillotine sera démontée et installée Place du Trône- Renversé (actuelle Place de la Nation) d'où elle ne reviendra que pour l'exécution de Robespierre et de ses partisans. On est donc loin des foules massées derrière de forts rideaux de troupes lors des exécutions fameuses de personnages de haut rang ou de grande notoriété: le Roi en janvier 1793, Charlotte Corday en Messidor, la Reine en Vendémiaire, les députés girondins et Madame Roland en Brumaire, Camille Desmoulins et Danton en Germinal, juste le mois précédent.
(à suivre)
Armand
Maintenant, un petit retour sur notre Histoire pour le contexte et l'ambiance de l'époque. Nous ne sommes pas encore à la Grande Terreur mais elle s'annonce au rythme des lois et des décrets de la Convention Nationale. Les amis d'hier sont aujourd'hui devenus des suspects, demain des ennemis de la Révolution ou de la Liberté et traînés au sacrifice. La Révolution se dévore elle-même. Après les Girondins politiquement abattus et en grande partie éliminés, est venu le tour des hébertistes et des chefs cordeliers, dont Camille Desmoulins, avec celui de Danton, exécutés sur cette même place, il y a dix sept jours à peine.
Le Roi, la Reine, bien sûr, mais tant d'autres têtes illustres sont tombées dans le panier de Sanson, même celle de Danton qui appellera sous peu celle de Robespierre. Justice? (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La République est attaquée de toutes parts. L'Autriche, bien sûr, en raison des liens familiaux des dynasties, l'Electorat de Hanovre, les Provinces Unies, le Piémont-Sardaigne, l'Espagne, l'Angleterre, sur terre à Hondschoote et sur mer à Toulon, par le blocus de tous nos ports en Méditerranée comme en Atlantique et en Manche.
Les soldats de la Révolution ont le ventre vide. Ils sont souvent pieds nus et dépenaillés mais ils ne manquent pas de vaillance et souvent s'élancent en désordre en dépit des consignes. L'Assemblée révolutionnaire frappe les chefs défaillants. Malheur à celui qui est vaincu ou accusé de mollesse ou simplement de maladresse en raison de l'indiscipline de sa troupe: il joue sa tête.
A la guerre, la Convention ne reconnaît que deux issues: la victoire ou la mort et c'était écrit sur les drapeaux. Celui-ci aura connu la mort, mais pas au feu. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
La désorganisation révolutionnaire affecte aussi les campagnes. Les récoltes sont abandonnées et pourrissent sur pied, l'approvisionnement des villes se tarit, la disette s'installe malgré les lois sur le "Maximum", les décrets menaçants contre les accapareurs et spéculateurs de tout poil. Des queues interminables , le plus souvent en vain, se forment devant les boulangeries, insuffisamment approvisionnées. Pour huit français sur dix, le pain est la principale voire la seule nourriture journalière.
A situation d'exception, mesures d'exception. D'autant plus qu'aux envahisseurs étrangers, s'ajoutent les ennemis de l'intérieur. Le Midi royaliste s'est révolté et a livré Toulon, sa rade et une partie de la flotte à l'Angleterre, le Sud-Ouest royaliste a fait cause commune avec les fédéralistes girondins, tout comme à Lyon en provoquant des révoltes et des assassinats de conventionnels. Ces révoltes sont néanmoins matées. L'insurrection vendéenne, qui appellera bientôt l'Angleterre à l'aide, a soulevé la plus grande partie de l'Ouest, immobilisant des forces armées importantes qui manquent aux frontières.
Cependant, la situation militaire redresse. Le 8 septembre précédent, Jourdan a été vainqueur à Hondschoote, après la mémorable charge à cheval de la Gendarmerie Nationale, ainsi nommée pour la première fois, bataille où les volontaires en furie, pourtant affamés mais ne manquant pas de courage, ont enfoncé les lignes anglaises à la baïonnette. Les survivants ont fui et les républicains ont récupéré ... de quoi manger! Le 21 Frimaire (22 novembre 1793), la Convention, après l'expérience non concluante de l'amalgame, a pris conscience de la nécessité fondamentale de la cohésion des troupes et voté l'incorporation dans les armées. Le 22 Frimaire (12 décembre), Marceau met en déroute les Vendéens au Mans et le 29 Frimaire, Salicetti, représentant aux Armées, écrit à la Convention pour annoncer la reprise de Toulon, en grande partie grâce à l'énergie tactique d'un jeune chef de bataillon d'artillerie du nom de Bonaparte, qu'il fait promouvoir général sur le champ. Le 3 Nivôse, Kléber anéantit l'arrière-garde vendéenne à Savenay, préfaçant l'exécution de deux mille Vendéens à Ancenis le mois suivant, en vertu du décret de la Convention Nationale condamnant à la mort immédiate tout insurgé pris les armes à la main.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Au pied des marches , un "brigand royaliste", tels sont les termes des décrets de la Convention pour désigner les Vendéens, en ordonnant qu'il ne leur soit pas fait de quartier. Son geste de recul est un désaveu pour le prêtre "jureur". (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
A voir le peu d'affluence populaire autour de l'échafaud, on peut en conclure que c'est une journée ordinaire. Pourtant volontiers badaud, le peuple de Paris est, maintenant, de plus en plus blasé du spectacle de "La Veuve". Il commence même à se dégoûter de tout ce sang répandu. Il préfèrerait une ration quotidienne de pain et sa colère monte jusqu'au Comité de Salut Public, obligé de reconnaître de facto son impuissance. C'est pourquoi, dans moins d'un mois, la guillotine sera démontée et installée Place du Trône- Renversé (actuelle Place de la Nation) d'où elle ne reviendra que pour l'exécution de Robespierre et de ses partisans. On est donc loin des foules massées derrière de forts rideaux de troupes lors des exécutions fameuses de personnages de haut rang ou de grande notoriété: le Roi en janvier 1793, Charlotte Corday en Messidor, la Reine en Vendémiaire, les députés girondins et Madame Roland en Brumaire, Camille Desmoulins et Danton en Germinal, juste le mois précédent.
(à suivre)
Armand
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
rappel historique a la mode armand ta une sacré connaissance historique
jean-marie(huski)- Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Rein à dire ou redire, si ce n'est : Bravo
gedeon- Sous-Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Salut tout le monde,
Merci à Jean-Marie, excellent créateur, et à gedeon, excellent figuriniste. Etre apprécié par les deux est gratifiant.
*********
Avec un public aussi clairsemé autour de la "machine", la force publique est donc réduite à peu. A pied autour de l'échafaud ou à cheval pour l'escorte de la charrette, l'ordre est assuré par la Légion de Paris de la Gendarmerie Nationale. Cette appellation, nouvelle et toute récente, a précédé de peu la bataille de Hondschoote.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
A cheval ou à pied, gendarmes et sans-culottes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Gendarme à cheval au recto (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Armés de la redoutable pique, des patriotes de la section éponyme prêtent au besoin main forte à ces troupiers dans une relative décontraction.
Petit détail en passant: comme il n'y avait pas de manufacture officielle, aucun texte ne réglementait la fabrication de ces armes. Chaque section se fournissait chez les artisans forgerons de son ressort pour lesquels cette fabrication devint un devoir civique. Si l'aspect général correspond bien à l'usage qu'on en attend, on constate des disparités de forme d'un atelier à l'autre. Seul point notable: beaucoup de piques sont estampées AN pour "Armes Nationales". La longueur des hampes n'est donc pas vraiment définie et on voit un peu de tout. Il y a cependant une vague instruction qui fixe la longueur minimale du fer, hors douille, à 0,45m de façon à "transpercer le corps d'un homme de part en part" pour le clouer à un arbre, une poutre, une porte.
Occupons-nous maintenant des personnages. Il va de soi que mon choix est arbitraire mais, toutefois, je le crois logique. Ici, le bourreau est Henri Sanson, fils de Charles Henri, connu sous le surnom de "Charlot" (que l'on retrouve dans l'expression populaire déjà citée "bascule à Charlot"). Il y a un an que Charles Henri a délégué la pratique exécutoire à son fils Henri tout en restant titulaire de la "charge" d'Ancien Régime. Les charges ayant été abolies par la Constituante (le nom est resté), celle-ci a été officiellemrnt transformée en fonction contractuelle par la Convention sous le titre "d'exécuteur des actes criminels". Cette fonction donne lieu au versement d'une indemnité "aux frais de la Nation", selon la terminologie officielle des charges et dépenses acceptées et approuvées par l'Assemblée. Elle comprend le traitement de l'exécuteur, de deux commis et de quatre aides. S'y ajoutent des ouvriers fournis par la Commune insurrectionnelle de Paris qui les prend en charge et qu'elle a choisis parmi les patriotes sans emploi ou indigents.
Le bourreau, ou exécuteur des actes criminels, Henri Sanson, fils de Charles Henri. Si elle a aboli la "charge", la Révolution n'en a pas supprimé la transmission de père en fils, héritage de l'Ancien Régime. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Autre vue de Sanson donnant ses ordres. Sanson, qui a un statut social de bourgeois, agit comme un patron de PME. La dynastie familiale détiendra le triste record des têtes coupées. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Les deux commis ne sont pas présents: l'un est aux écritures chez Sanson, l'autre au Greffe du Tribunal Révolutionnaire ou à la Conciergerie. Les aides sont autour des condamnés, deux qui vont en lier un à la planche à bascule, un qui coupe les cols de chemise ou les cheveux trop longs quand cela n'a pas déjà été fait par les gardiens de la geôle, et un qu'on voit ranger la tête d'un supplicié avec le corps dans la caisse. Exceptionnellement, on a sorti cette caisse parce que la charrette de la fosse commune, dans laquelle les corps sont balancés du haut de l'échafaud, est en retard.
Même coupée, cette tête est traitée avec respect par un des aides. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Deux aides autour du supplicié imminent. Ils vont le sangler à la planche et la basculer en avant en soulevant le bas à hauteur des pieds. Vivement poussée en avant, la planche va glisser entre les deux rainures, la tête du condamné s'engageant dans l'orifice de la lunette. L'exécuteur l'immobilise en abaissant d'un coup sec la moitié supérieure de la lunette et déclenche la chute du couperet.
La lame tranche au ras de la lunette. L'opération prend 4 à 5 secondes tout au plus. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Le statut officiel de Sanson est donc celui d'un entrepreneur contractant au service exclusif de l'Etat, qui recrute et appointe son personnel à partir de l'indemnité versée. Et la besogne ne manque pas.
Le costume de Sanson vous étonne ? Sachez que son statut fait de lui un bourgeois aisé, d'où son habit (qui deviendra un peu plus "peuple" après Thermidor) qui n'est autre que celui des députés du Tiers Etat aux Etats Généraux de 1789 et qui est encore porté par beaucoup de députés à la Convention: habit noir, culotte et gilet noirs, bas de soie blancs, chemise à jabot de dentelle apparent, dentelle aux poignets, perruque poudrée à queue à ruban, chapeau et souliers à boucles.
Préfiguration de l'émancipation des femmes ? Quelques personnages féminins ont marqué cette époque et, dans l'humble vie quotidienne, des femmes ne se privent pas de se montrer et de manifester, surtout leur mécontentement: ménagères dans les queues devant les boulangeries, harengères de la halle, manifestantes devant la Convention ou les Comités, tricoteuses du Tribunal Révolutionnaire... Ici, avec les patriotes (et auprès de son homme), une citoyenne du peuple, d'aspect peu farouche mais fière dans sa posture martiale, tient fermement un briquet d'infanterie. L'histoire ne dit pas si, comme ses collègues mascuins, elle est sans culotte... ( ) , mais, si tel est le cas, l'abondance de ses jupons lui permet de ne pas braver la décence publique.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
La citoyenne au briquet. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
En guise de pendant, de l'autre côté des marches, se tient un sectionnaire "gradé" qui s'est emparé de l'esponton d'un sergent des Suisses, lors de l'assaut des Tuileries en août 1792. C'est une arme d'apparat (ou de frime, peut-on dire), impropre au combat mais bien plus légère et maniable qu'une pique.
Deux exemplaires de piques fabriquées en scratch. Je pars d'une tige de laiton de 25/100es, non recuit, bien sûr, dont je martèle soigneusement une extrémité en sifflet allongé. Opération difficile parce qu'il est très malaisé de marteler droit et régulier. Après limage pour faire la forme lancéolée, je creuse à la lime un mini sillon pour séparer le fer de la douille, adoucie à la lime, et un autre qui parque la séparation de la douille et de la hampe. Je coupe à environ 130 millimètres et je façonne le pied ferré. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Assiste à l'exécution, un Commissaire de la Convention (qui aurait le titre de Représentant en mission hors du district de Paris ou, au front, de Représentant aux Armées), avec son escorte de trois gendarmes tirée de la Garde ordinaire de l'Assemblée.
Commissaire de la Convention avec son escorte de gendarmes de l'Assemblée. Le tricolore ne passe pas inaperçu.
(Photos: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
On ne mettra personne d'accord sur les mille et une teintes de bleu des uniformes. C'est une discussion sans fin qui dure depuis
mon entrée en figurine en 1977. Entre les différentes nuances de bleu "impérial" - le plus sombre de tous, le bleu révolutionnaire, exemples les gendarmes, était un poil moins sombre, et celui des gendarmes de la Convention, une nuance plus claire encore. Le bleu est le pigment qui a été longtemps instable à la fixation, surtout sur les tissus où les propriétés chimiques tinctoriales étaient mal maîtrisées. Il suffit de voir les descriptions qu'on en fait et ce qui subsiste dans les musées. Cette discussion a commencé bien avant moi et durera encore bien après moi.
(à suivre)
Merci à Jean-Marie, excellent créateur, et à gedeon, excellent figuriniste. Etre apprécié par les deux est gratifiant.
*********
Avec un public aussi clairsemé autour de la "machine", la force publique est donc réduite à peu. A pied autour de l'échafaud ou à cheval pour l'escorte de la charrette, l'ordre est assuré par la Légion de Paris de la Gendarmerie Nationale. Cette appellation, nouvelle et toute récente, a précédé de peu la bataille de Hondschoote.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
A cheval ou à pied, gendarmes et sans-culottes. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Gendarme à cheval au recto (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Armés de la redoutable pique, des patriotes de la section éponyme prêtent au besoin main forte à ces troupiers dans une relative décontraction.
Petit détail en passant: comme il n'y avait pas de manufacture officielle, aucun texte ne réglementait la fabrication de ces armes. Chaque section se fournissait chez les artisans forgerons de son ressort pour lesquels cette fabrication devint un devoir civique. Si l'aspect général correspond bien à l'usage qu'on en attend, on constate des disparités de forme d'un atelier à l'autre. Seul point notable: beaucoup de piques sont estampées AN pour "Armes Nationales". La longueur des hampes n'est donc pas vraiment définie et on voit un peu de tout. Il y a cependant une vague instruction qui fixe la longueur minimale du fer, hors douille, à 0,45m de façon à "transpercer le corps d'un homme de part en part" pour le clouer à un arbre, une poutre, une porte.
Occupons-nous maintenant des personnages. Il va de soi que mon choix est arbitraire mais, toutefois, je le crois logique. Ici, le bourreau est Henri Sanson, fils de Charles Henri, connu sous le surnom de "Charlot" (que l'on retrouve dans l'expression populaire déjà citée "bascule à Charlot"). Il y a un an que Charles Henri a délégué la pratique exécutoire à son fils Henri tout en restant titulaire de la "charge" d'Ancien Régime. Les charges ayant été abolies par la Constituante (le nom est resté), celle-ci a été officiellemrnt transformée en fonction contractuelle par la Convention sous le titre "d'exécuteur des actes criminels". Cette fonction donne lieu au versement d'une indemnité "aux frais de la Nation", selon la terminologie officielle des charges et dépenses acceptées et approuvées par l'Assemblée. Elle comprend le traitement de l'exécuteur, de deux commis et de quatre aides. S'y ajoutent des ouvriers fournis par la Commune insurrectionnelle de Paris qui les prend en charge et qu'elle a choisis parmi les patriotes sans emploi ou indigents.
Le bourreau, ou exécuteur des actes criminels, Henri Sanson, fils de Charles Henri. Si elle a aboli la "charge", la Révolution n'en a pas supprimé la transmission de père en fils, héritage de l'Ancien Régime. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Autre vue de Sanson donnant ses ordres. Sanson, qui a un statut social de bourgeois, agit comme un patron de PME. La dynastie familiale détiendra le triste record des têtes coupées. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Les deux commis ne sont pas présents: l'un est aux écritures chez Sanson, l'autre au Greffe du Tribunal Révolutionnaire ou à la Conciergerie. Les aides sont autour des condamnés, deux qui vont en lier un à la planche à bascule, un qui coupe les cols de chemise ou les cheveux trop longs quand cela n'a pas déjà été fait par les gardiens de la geôle, et un qu'on voit ranger la tête d'un supplicié avec le corps dans la caisse. Exceptionnellement, on a sorti cette caisse parce que la charrette de la fosse commune, dans laquelle les corps sont balancés du haut de l'échafaud, est en retard.
Même coupée, cette tête est traitée avec respect par un des aides. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Deux aides autour du supplicié imminent. Ils vont le sangler à la planche et la basculer en avant en soulevant le bas à hauteur des pieds. Vivement poussée en avant, la planche va glisser entre les deux rainures, la tête du condamné s'engageant dans l'orifice de la lunette. L'exécuteur l'immobilise en abaissant d'un coup sec la moitié supérieure de la lunette et déclenche la chute du couperet.
La lame tranche au ras de la lunette. L'opération prend 4 à 5 secondes tout au plus. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Le statut officiel de Sanson est donc celui d'un entrepreneur contractant au service exclusif de l'Etat, qui recrute et appointe son personnel à partir de l'indemnité versée. Et la besogne ne manque pas.
Le costume de Sanson vous étonne ? Sachez que son statut fait de lui un bourgeois aisé, d'où son habit (qui deviendra un peu plus "peuple" après Thermidor) qui n'est autre que celui des députés du Tiers Etat aux Etats Généraux de 1789 et qui est encore porté par beaucoup de députés à la Convention: habit noir, culotte et gilet noirs, bas de soie blancs, chemise à jabot de dentelle apparent, dentelle aux poignets, perruque poudrée à queue à ruban, chapeau et souliers à boucles.
Préfiguration de l'émancipation des femmes ? Quelques personnages féminins ont marqué cette époque et, dans l'humble vie quotidienne, des femmes ne se privent pas de se montrer et de manifester, surtout leur mécontentement: ménagères dans les queues devant les boulangeries, harengères de la halle, manifestantes devant la Convention ou les Comités, tricoteuses du Tribunal Révolutionnaire... Ici, avec les patriotes (et auprès de son homme), une citoyenne du peuple, d'aspect peu farouche mais fière dans sa posture martiale, tient fermement un briquet d'infanterie. L'histoire ne dit pas si, comme ses collègues mascuins, elle est sans culotte... ( ) , mais, si tel est le cas, l'abondance de ses jupons lui permet de ne pas braver la décence publique.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
La citoyenne au briquet. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
En guise de pendant, de l'autre côté des marches, se tient un sectionnaire "gradé" qui s'est emparé de l'esponton d'un sergent des Suisses, lors de l'assaut des Tuileries en août 1792. C'est une arme d'apparat (ou de frime, peut-on dire), impropre au combat mais bien plus légère et maniable qu'une pique.
Deux exemplaires de piques fabriquées en scratch. Je pars d'une tige de laiton de 25/100es, non recuit, bien sûr, dont je martèle soigneusement une extrémité en sifflet allongé. Opération difficile parce qu'il est très malaisé de marteler droit et régulier. Après limage pour faire la forme lancéolée, je creuse à la lime un mini sillon pour séparer le fer de la douille, adoucie à la lime, et un autre qui parque la séparation de la douille et de la hampe. Je coupe à environ 130 millimètres et je façonne le pied ferré. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Assiste à l'exécution, un Commissaire de la Convention (qui aurait le titre de Représentant en mission hors du district de Paris ou, au front, de Représentant aux Armées), avec son escorte de trois gendarmes tirée de la Garde ordinaire de l'Assemblée.
Commissaire de la Convention avec son escorte de gendarmes de l'Assemblée. Le tricolore ne passe pas inaperçu.
(Photos: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
On ne mettra personne d'accord sur les mille et une teintes de bleu des uniformes. C'est une discussion sans fin qui dure depuis
mon entrée en figurine en 1977. Entre les différentes nuances de bleu "impérial" - le plus sombre de tous, le bleu révolutionnaire, exemples les gendarmes, était un poil moins sombre, et celui des gendarmes de la Convention, une nuance plus claire encore. Le bleu est le pigment qui a été longtemps instable à la fixation, surtout sur les tissus où les propriétés chimiques tinctoriales étaient mal maîtrisées. Il suffit de voir les descriptions qu'on en fait et ce qui subsiste dans les musées. Cette discussion a commencé bien avant moi et durera encore bien après moi.
(à suivre)
track-teur- Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Merci pour ce fil si bien construit, que ce soit en images ou pour les textes Tu as dû en mettre du temps à trouver toutes ces figurines pour donner un ensemble cohérent, surtout les civils
Sgt Pepper- Colonel
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Ma Photo : Sgt AKA Olivier
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
belles explications et excellent travail j'oserais dire comme d'habitude mais toujours un régal a regarder
jean-marie(huski)- Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
He bé sacrée époque
Scène peu ordinaire et très certainement rarement traitée mais admirablement mise en scène et en plus on prend un cours d'histoire
Scène peu ordinaire et très certainement rarement traitée mais admirablement mise en scène et en plus on prend un cours d'histoire
Dernière édition par step D le Jeu 4 Fév 2016 - 12:08, édité 1 fois
step D- Colonel
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
à chaque fois deux régals, un pour les eux, un pour le cerveau......
marcelscott- Aide de Camp
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Bonjour à tous.
Un grand merci chaleureux aux amateurs: Sgt Pepper, Jean-Marie, Step D, marcelscott qui ont apprécié la précédente livraison. On touche au but.
(suite)
... Les autres personnages relèvent de la fantaisie (il en faut bien !...). Sur l'échafaud, le marquis de Hautfort des Gontries, ancien page du Roy à Fontenoy - il avait 12 ans - , ci-devant colonel du Régiment des chevau-légers, une carrière militaire brillante, compagnon de La Fayette aux Amériques, héros de la campagne de Valmy, mais fâcheusement compromis (victime collatérale) dans la trahison de l'infâme Dumouriez, à l'Etat-Major duquel il était finalement affecté. Il a été dénoncé et arrêté par des patriotes avant sa fuite (purement supposée) chez les Autrichiens. A l'époque, il en faut moins que cela pour être raccourci. Emprisonné depuis un an, son exécution a été maintes fois ajournée mais ses états de service pour la République n'ont pu le sauver.
Le marquis de Hautfort des Gontries, à l'instant suprême, ne flanche pas: impassible et courageux, il a le calme des condamnés injustement. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Au pied des marches, le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major, arrêté en même temps que le marquis et sous le même chef d'accusation. En ces temps troublés de grande purge, de suspicion systématique, de zèle criminel de certains qui y ont intérêt et de décisions expéditives, il suffit d'une particule et d'une naissance pour être considéré comme ennemi de la République ou comploteur royaliste avec le sort qu'on devine.
Le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major: une absolution tout de même. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
A ses côtés, un chef vendéen suffisamment important pour qu'on l'ait amené à Paris et non à Nantes ou à Angers, pour l'exécuter. "Brigands royalistes", pas moins, est la désignation que leur confèrent les décrets de la Convention Nationale qui ne prévoient pour eux aucune mesure de grâce. Entravé comme il se doit, il se détourne brusquement pour repousser l'absolution d'un prêtre "jureur", c'est-à-dire qui a prêté serment à la Nation sur la Constitution Civile du clergé, condamnée par Rome, ce qui l'a ipso facto excommunié. Or, il est évident que seuls les "jureurs" sont, à la rigueur, tolérés sur les lieux d'exécution. Les religieux non jureurs sont considérés comme réfractaires, pourchassés et condamnés à la clandestinité. Par conséquent les jureurs sont, on s'en doute, honnis par les "intégristes" catholiques que sont les Vendéens et plus tard les Chouans, d'où le sursaut pour se détourner du sacrement non canonique. En revanche, le chevalier met un genou en terre, considérant, pour sa conscience, qu'une absolution "républicaine" vaut mieux que pas d'absolution du tout.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Pour ces 4 dernières photos, la même légende. Le prêtre "jureur" des derniers instants. Pour un Vendéen, cette présence est une offense qu'on ne peut accepter. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Reste le peuple, certes peu nombreux mais qu'on pourra compléter plus tard. C'est l'avantage des plaquettes ouvertes. Il est représenté symboliquement par un portefaix qui a posé sa hotte de pommes de terre, par un commis-greffier du Tribunal Révolutionnaire curieux, qui en rajoute dans les vociférations inutilement hostiles et une humble ménagère qui, arrivée dans les premières à l'ouverture d'une boulangerie, a eu la chance d'obtenir une miche de pain. En ces temps de quasi famine, ce sera probablement la seule nourriture de sa famille pour la journée.
Une ménagère, un portefaix, un commis-greffier qui devrait être en audience, c'est peu, bien sûr, pour une assistance, même supposée clairsemée. On complètera plus tard. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Effectivement, j'ai trouvé une figurine de femme, et une de Mirabeau, que j'ai transformé en bourgeois. Ce n'est pas une erreur car, le marquis de Mirabeau, bien que noble, était député du Tiers Etat et sa carrière de parlementaire a été brève mais fameuse comme on sait. Par ailleurs, j'ai ajouté un sans-culotte à la mine farouche porteur d'une fourche et d'un large coutelas, et un marin dont j'ai troqué la hache pour un fusil. J'ai aussi ajouté le quatrième aide qui coupe les cheveux trop longs du Vendéen. Hélas, les photos ne les cadrent pas suffisamment bien.
En revanche, j'ai scratché une meule et deux rémouleurs qui repassent les couperets (grosse consommation de couperets !...)
et une marchande avec sa brouette qui vend des boissons pour vivre comme elle peut.
Voici la seconde ménagère. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Le quatrième aide coupeur de cheveux et de cols de chemise. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Les rémouleurs (Photos: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Sauf les figurines, tout est scratch.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un artisan vitrier, pourquoi pas, c'est le petit peuple de Paris, comme la marchande.
A gauche le marin. Que fait-il là, celui-là?
Il y a du monde au balcon... n'est-ce pas.
Toute la fortune de la pauvre femme. Les temps sont durs, on survit comme on peut. On vend ce qu'on peut: du café, de la goutte, des pommes, de l'eau, de la limonade...
Ces dernières photos sont de Françoise et Armand FRASCURATTI.
Dernier point. J'ai indiqué dans le titre "Historex" pour ne pas en mettre trois lignes. Il y aussi une figurine Pegaso (l'homme à la fourche), une Andrea (le marin), une Histometal, le bourgeois (Mirabeau), et notre marchande aux gros poumons vient de la marque 'Ce cher passé'.
C'est fini. J'espère que vous aimerez.
A+
Armand dit track...
Un grand merci chaleureux aux amateurs: Sgt Pepper, Jean-Marie, Step D, marcelscott qui ont apprécié la précédente livraison. On touche au but.
(suite)
... Les autres personnages relèvent de la fantaisie (il en faut bien !...). Sur l'échafaud, le marquis de Hautfort des Gontries, ancien page du Roy à Fontenoy - il avait 12 ans - , ci-devant colonel du Régiment des chevau-légers, une carrière militaire brillante, compagnon de La Fayette aux Amériques, héros de la campagne de Valmy, mais fâcheusement compromis (victime collatérale) dans la trahison de l'infâme Dumouriez, à l'Etat-Major duquel il était finalement affecté. Il a été dénoncé et arrêté par des patriotes avant sa fuite (purement supposée) chez les Autrichiens. A l'époque, il en faut moins que cela pour être raccourci. Emprisonné depuis un an, son exécution a été maintes fois ajournée mais ses états de service pour la République n'ont pu le sauver.
Le marquis de Hautfort des Gontries, à l'instant suprême, ne flanche pas: impassible et courageux, il a le calme des condamnés injustement. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Au pied des marches, le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major, arrêté en même temps que le marquis et sous le même chef d'accusation. En ces temps troublés de grande purge, de suspicion systématique, de zèle criminel de certains qui y ont intérêt et de décisions expéditives, il suffit d'une particule et d'une naissance pour être considéré comme ennemi de la République ou comploteur royaliste avec le sort qu'on devine.
Le chevalier de Saint-Hilaire, aide de camp d'Etat-Major: une absolution tout de même. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
A ses côtés, un chef vendéen suffisamment important pour qu'on l'ait amené à Paris et non à Nantes ou à Angers, pour l'exécuter. "Brigands royalistes", pas moins, est la désignation que leur confèrent les décrets de la Convention Nationale qui ne prévoient pour eux aucune mesure de grâce. Entravé comme il se doit, il se détourne brusquement pour repousser l'absolution d'un prêtre "jureur", c'est-à-dire qui a prêté serment à la Nation sur la Constitution Civile du clergé, condamnée par Rome, ce qui l'a ipso facto excommunié. Or, il est évident que seuls les "jureurs" sont, à la rigueur, tolérés sur les lieux d'exécution. Les religieux non jureurs sont considérés comme réfractaires, pourchassés et condamnés à la clandestinité. Par conséquent les jureurs sont, on s'en doute, honnis par les "intégristes" catholiques que sont les Vendéens et plus tard les Chouans, d'où le sursaut pour se détourner du sacrement non canonique. En revanche, le chevalier met un genou en terre, considérant, pour sa conscience, qu'une absolution "républicaine" vaut mieux que pas d'absolution du tout.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Pour ces 4 dernières photos, la même légende. Le prêtre "jureur" des derniers instants. Pour un Vendéen, cette présence est une offense qu'on ne peut accepter. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Reste le peuple, certes peu nombreux mais qu'on pourra compléter plus tard. C'est l'avantage des plaquettes ouvertes. Il est représenté symboliquement par un portefaix qui a posé sa hotte de pommes de terre, par un commis-greffier du Tribunal Révolutionnaire curieux, qui en rajoute dans les vociférations inutilement hostiles et une humble ménagère qui, arrivée dans les premières à l'ouverture d'une boulangerie, a eu la chance d'obtenir une miche de pain. En ces temps de quasi famine, ce sera probablement la seule nourriture de sa famille pour la journée.
Une ménagère, un portefaix, un commis-greffier qui devrait être en audience, c'est peu, bien sûr, pour une assistance, même supposée clairsemée. On complètera plus tard. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Effectivement, j'ai trouvé une figurine de femme, et une de Mirabeau, que j'ai transformé en bourgeois. Ce n'est pas une erreur car, le marquis de Mirabeau, bien que noble, était député du Tiers Etat et sa carrière de parlementaire a été brève mais fameuse comme on sait. Par ailleurs, j'ai ajouté un sans-culotte à la mine farouche porteur d'une fourche et d'un large coutelas, et un marin dont j'ai troqué la hache pour un fusil. J'ai aussi ajouté le quatrième aide qui coupe les cheveux trop longs du Vendéen. Hélas, les photos ne les cadrent pas suffisamment bien.
En revanche, j'ai scratché une meule et deux rémouleurs qui repassent les couperets (grosse consommation de couperets !...)
et une marchande avec sa brouette qui vend des boissons pour vivre comme elle peut.
Voici la seconde ménagère. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Le quatrième aide coupeur de cheveux et de cols de chemise. (Photo: Armand FRASCURATTI).
Les rémouleurs (Photos: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Sauf les figurines, tout est scratch.
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Un artisan vitrier, pourquoi pas, c'est le petit peuple de Paris, comme la marchande.
A gauche le marin. Que fait-il là, celui-là?
Il y a du monde au balcon... n'est-ce pas.
Toute la fortune de la pauvre femme. Les temps sont durs, on survit comme on peut. On vend ce qu'on peut: du café, de la goutte, des pommes, de l'eau, de la limonade...
Ces dernières photos sont de Françoise et Armand FRASCURATTI.
Dernier point. J'ai indiqué dans le titre "Historex" pour ne pas en mettre trois lignes. Il y aussi une figurine Pegaso (l'homme à la fourche), une Andrea (le marin), une Histometal, le bourgeois (Mirabeau), et notre marchande aux gros poumons vient de la marque 'Ce cher passé'.
C'est fini. J'espère que vous aimerez.
A+
Armand dit track...
track-teur- Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Un peu qu'on aime, c'est vraiment une très belle balade dans le temps
Sgt Pepper- Colonel
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Mais d'où sort tu tout ça
Quelles richesse et quelle diversité ,je n'ai qu'un mot
Quelles richesse et quelle diversité ,je n'ai qu'un mot
step D- Colonel
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
j'aime tout !
après avoir lu le livre" mémoire des Sanson ", vu de près une guillotine au musée d'Orsay, et passé quelques semaine à la prison de la Santé, où les exécutions avaient lieu dans la cour quel je traversais tous les jours....brrrrhhhh
j'apprécie d'autant plus tes dioramas
(Alphonse Boudard aurait dû écrire un livre sur le thème, il aurait faire rire ..)
après avoir lu le livre" mémoire des Sanson ", vu de près une guillotine au musée d'Orsay, et passé quelques semaine à la prison de la Santé, où les exécutions avaient lieu dans la cour quel je traversais tous les jours....brrrrhhhh
j'apprécie d'autant plus tes dioramas
(Alphonse Boudard aurait dû écrire un livre sur le thème, il aurait faire rire ..)
la quincaille- Capitaine
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Localisation : PARIS
Humeur : bonne ...entre 2 mauvaises
Date d'inscription : 11/02/2015
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
a la santé la quincaille ???? ........
félicitations a vous 2 chapeau bas
félicitations a vous 2 chapeau bas
jean-marie(huski)- Lieutenant
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Age : 75
Date d'inscription : 24/05/2015
Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
Salut et Fraternité,
Le comité décerne aux citoyens Jean-Marie(huski), la quincaille, step D et Sgt Pepper un témoignage de reconnaissance pour leurs appréciations civiques. .
Le dernier post ayant été involontairement privé de sa conclusion, elle est rétablie.
N'oublions pas le brave canasson placide qui fait ses navettes entre la Conciergerie et la Veuve. Sa charrette est entièrement scratch, sauf les roues retravaillées à 70%.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Le harnachement est complet et strictement conforme à l'attelage du cheval entre brancards de l'époque. (Photo: Armand FRASCURATTI).
(suite et fin)
...Ce jour-là, une autre charrette va amener d'autres condamnés dont Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes,
membre du Parlement de Paris, un des plus éminents juristes français de la fin du XVIIIe siècle, récemment défenseur du Roi à son procès devant la Convention.
Dans l'ensemble, les Vendéens sont défaits. A la tête des colonnes infernales, Turreau a importé la terreur dans le pays. Restent quelques bandes locales qui agissent par coups de main mais ne peuvent plus renverser la situation. En exécuteur aveugle des ordres implacables de la Convention, Turreau, par ses massacres et ses ravages de tous ordres a écrit une des pages plus sombres de la Révolution Française.
Maintenant, avec des ventres vides, des pieds nus et des hardes sur le dos mais des baïonnettes acérées, le passage du Saint Bernard est sur le point d'être repris aux Piémontais. Avec la levée en masse et les volontaires, L'Armée de la République est en supériorité numérique. Elle est formée en quatorze armées aux frontières et sur les côtes. L'Armée des Alpes va reprendre Saorge et Pichegru va battre Clerfayt à Menin, s'emparer de la ville et le contraindre à la retraite. Carnot, qui ne peut toujours pas subvenir au ravitaillement des troupes, porte son effort sur les fabrications de guerre d'armes et de munitions et fait savoir aux Représentants aux Armées que les troupes françaises doivent "vivre aux dépens de l'ennemi". C'est clair ! Dans un mois, l'Amiral Villaret de Joyeuse, un des rares aristocrates officiers de Marine à n'avoir pas émigré (contrairement à 92% du corps des officiers), va forcer le blocus anglais. Le blé américain tant attendu va pouvoir être amené aux moulins. Un mois plus tard, ce sera pour Jourdan la consécration avec la victoire de Fleurus...
Ah ça ira, ça ira, ça ira... .
A+
Citoyen traque...
Vue d'ensemble complète. (Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
Le comité décerne aux citoyens Jean-Marie(huski), la quincaille, step D et Sgt Pepper un témoignage de reconnaissance pour leurs appréciations civiques. .
Le dernier post ayant été involontairement privé de sa conclusion, elle est rétablie.
N'oublions pas le brave canasson placide qui fait ses navettes entre la Conciergerie et la Veuve. Sa charrette est entièrement scratch, sauf les roues retravaillées à 70%.
(Photo: Françoise PESCHARD-FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
(Photo: Armand FRASCURATTI).
Le harnachement est complet et strictement conforme à l'attelage du cheval entre brancards de l'époque. (Photo: Armand FRASCURATTI).
(suite et fin)
...Ce jour-là, une autre charrette va amener d'autres condamnés dont Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes,
membre du Parlement de Paris, un des plus éminents juristes français de la fin du XVIIIe siècle, récemment défenseur du Roi à son procès devant la Convention.
Dans l'ensemble, les Vendéens sont défaits. A la tête des colonnes infernales, Turreau a importé la terreur dans le pays. Restent quelques bandes locales qui agissent par coups de main mais ne peuvent plus renverser la situation. En exécuteur aveugle des ordres implacables de la Convention, Turreau, par ses massacres et ses ravages de tous ordres a écrit une des pages plus sombres de la Révolution Française.
Maintenant, avec des ventres vides, des pieds nus et des hardes sur le dos mais des baïonnettes acérées, le passage du Saint Bernard est sur le point d'être repris aux Piémontais. Avec la levée en masse et les volontaires, L'Armée de la République est en supériorité numérique. Elle est formée en quatorze armées aux frontières et sur les côtes. L'Armée des Alpes va reprendre Saorge et Pichegru va battre Clerfayt à Menin, s'emparer de la ville et le contraindre à la retraite. Carnot, qui ne peut toujours pas subvenir au ravitaillement des troupes, porte son effort sur les fabrications de guerre d'armes et de munitions et fait savoir aux Représentants aux Armées que les troupes françaises doivent "vivre aux dépens de l'ennemi". C'est clair ! Dans un mois, l'Amiral Villaret de Joyeuse, un des rares aristocrates officiers de Marine à n'avoir pas émigré (contrairement à 92% du corps des officiers), va forcer le blocus anglais. Le blé américain tant attendu va pouvoir être amené aux moulins. Un mois plus tard, ce sera pour Jourdan la consécration avec la victoire de Fleurus...
Ah ça ira, ça ira, ça ira... .
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track-teur- Lieutenant
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Re: 3 Floréal An II (22 avril 1794) - "La Veuve" - Historex 1/32e
excellent j'ai apprit quelques trucs sur cette époque merci
jean-marie(huski)- Lieutenant
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Date d'inscription : 24/05/2015
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